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La présente dissertation se propose d'étudier la problématique de l'unicité et de l'universalité de Jésus-Christ dans la christologie contemporaine. Le choix de ce thème a été motivé par le fait que pendant ces dernières années la confrontation avec le pluralisme culturel et religieux a conduit la théologie chrétienne à réfléchir de manière nouvelle sur cette question. Elle porte sur le christianisme en tant qu'il a pour spécificité de rendre témoignage à un homme confessé comme le Fils unique de Dieu et le Sauveur de tous les hommes. Dans ce sens, la finalité de notre recherche est de montrer la signification et la portée de l'affirmation de Jésus-Christ comme unique Médiateur de notre salut, et ce dans le cadre de la théologie fondamentale et en particulier de la christologie. Bien que cette doctrine ait été toujours et soit encore une pierre d'achoppement pour ceux qui ne partagent pas notre foi, elle représente pour la tradition chrétienne plus qu'une croyance centrale, elle est vue comme le fondement même de la foi. Pour montrer la pertinence du sujet traité, ainsi que les chemins à suivre afin de proposer de nouvelles perspectives pour la réflexion théologique, notre point de départ est l'analyse du phénomène de la multiplication des modèles interprétatifs concernant le rapport entre le christianisme et les autres religions. Les recherches menées par Peter Schineller, Joseph Gelot, Paul Knitter, Camil Ménard et Jacques Dupuis dans ce domaine, nous ont permis de nous familiariser avec le vocabulaire utilisé dans la discussion (exclusivisme, inclusivisme, pluralisme, etc.) et de percevoir les possibles relations entre les modèles proposés. Du point de vue de notre travail, ces analyses montrent d'une part que la question christologique se trouve au coeur du débat, et d'autre part que l'enjeu de celui-ci se situe dans la manière dont les théologiens cités comme représentants de chaque modèle, chacun à partir de ses propres présupposés, traitent la question de l'unicité et de l'universalité du Christ. C'est cette double constatation qui nous a amené à choisir d'étudier la pensée de cinq théologiens contemporains: Karl Barth, Hans Urs von Balthasar, Edward Schillebeeckx, Karl Rahner et John Hick. La partie conclusive de la thèse expose les perspectives christologiques qui se dégagent de la recherche. Elle offre une esquisse élaborée avec la conviction que la christologie ne se limite pas à offrir un répertoire d'opinions sur le Christ, mais qu'elle est une réflexion dynamique et attentive aux défis qui lui sont adressés. Notre étude conduit, d'une part, à une prise de distance critique vis-à-vis des modèles ou catégories qui sont proposés aujourd'hui pour expliquer la pluralité d'opinions concernant l'unicité et l'universalité de Jésus-Christ. Ils ont certainement une pertinence pédagogique, ensemble ils constituent une sorte de carte géographique qui offre des points de repères dans un terrain devenu assez complexe. Néanmoins cette «nouvelle vulgate», selon l'expression de G. Comeau, qui a fortement marqué les esprits, perd de sa pertinence lorsqu'elle est considérée comme l'exposé d'une «évolution naturelle» dans le débat. D'autre part, l'examen de la théologie des auteurs permet d'identifier les présupposés christologiques qui doivent être pris en compte pour traiter la question de l'unicité et de l'universalité du Christ. Premièrement, l'universel concret, parce que la christologie est appelée à réfléchir sur les polarités dialectiques qui caractérisent le mystère : l'Absolu et le fini, l'Universel et le concret, l'humanité et la divinité; deuxièmement le christocentrisme, qui permet une révalorisation de l'histoire du salut comme horizon théologique propre de la place du Christ dans le projet de Dieu; enfin la relation entre personne et mission de Jésus-Christ, qui témoigne du tournant sotériologique opéré dans la christologie contemporaine et qui met en évidence la manière dont l'homme participe à la vie divine. Nous avons identifié aussi deux éléments qui caractérisent le Christ comme unique et universel : l'affirmation de Jésus-Christ comme Médiateur de la volonté salvifique universel de Dieu, et l'incarnation par laquelle s'exprime l'identité personnelle de Jésus.